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Réflexions autour du don


 

Qui ne reçoit pas chaque semaine dans sa boîte aux lettres une invitation à faire un don ? Quelle est votre réaction ? L’enveloppe part directement à la poubelle ? Vous jetez un œil car vous êtes curieux ? Vous angoissez car vous savez que vous ne pouvez rien refuser ? Vous ouvrez et donnez car faire un don c’est bon pour les hormones du bonheur et ça rend heureux ? Vous êtes sensible à la cause ? Soutenir est selon vous essentiel et naturel ?

Les réponses à ces appels sont diverses et probablement toutes légitimes. Car même si dans sa définition « Robertienne » la plus simple, le don suppose l’idée d’abandonner gratuitement la jouissance ou la propriété de quelque chose à quelqu’un sans rien recevoir en retour, notre manière de penser « Homo Economicus » suggère toujours un fond utilitariste au don. Selon Bourdieu, le don ne peut pas être désintéressé. Une simple satisfaction personnelle est déjà un but en soi.

Mais tout d’abord d’où vient cette notion du don ?

Mauss, anthropologue français et théoricien sur le don, a constaté que les sociétés primaires ou dîtes sauvages, ne fonctionnaient pas sur des principes de troc, de marché ou de contrat mais sur le don. Le don était une sorte « d’opérateur politique et de pacificateur »[1]. Une communauté en guerre allait faire un don important à son ennemi (à cette époque il s’agissait notamment de femmes, de sœurs ou de filles), que ce dernier allait recevoir mais ne pas rendre sous la même forme. En échange, des liens et des alliances se tissaient (entre autres car ces femmes enfantaient et des liens familiaux se tissaient entre les deux communautés).

C’est le cycle du don selon Mauss : donner, recevoir, rendre. Certains auteurs ont ajouté la « demande » à cette théorie. Et pour que ce cycle fonctionne, Jean-Edouard Grésy et Alain Caillé[2] surajoutent qu’il faut un équilibre entre ces quatre phases. Il faut savoir demander, il faut savoir donner, il faut savoir recevoir et rendre pour que le don fonctionne.


Savoir demander signifie selon eux, tout d’abord savoir de quoi nous avons besoin et comment le demander ?

Pour le Téléthon, la réflexion sur le don est permanente. Comment demander ? Comment faire comprendre nos besoins, comment communiquer nos demandes ? Vers qui se tourner ? Comment atteindre de nouveaux donateurs et mobiliser les jeunes ?  Comment fidéliser ? 

Savoir donner est un apprentissage que tout le monde devrait faire et cet apprentissage prend sa source dans la petite enfance.

Au Téléthon, nous devons pouvoir compter sur nos donateurs : tous nos efforts seront vains si les donateurs perdent le sens du don. Mais nous pouvons nous rassurer, les derniers événements en Ukraine ont montré que les Suisses sont généreux et savent se mobiliser.

Savoir recevoir signifie qu’il faut pouvoir et être prêts à accueillir ces dons. Nous pouvons voir ceci d’une manière logistique, technologique ou communicationnelle. Le centre de coordination gère cet aspect en mettant en place une structure, des outils et des systèmes notamment informatiques capables de recevoir et coordonner les entrées de dons. Le conseil de Fondation travaille, lui, étroitement avec les institutions que nous soutenons. Ces dernières, actives sur le terrain, nous font part de leurs besoins et de l’allocation des ressources. Ces informations sont d’ailleurs publiques et se retrouvent chaque année dans notre rapport d’activités.

Et c’est bien ici que le Savoir rendre prend son sens. C’est rendre à nos donateurs des résultats sur ce qui a été fait et pouvoir leur montrer l’impact et les résultats liés à leur don. A l’avenir, nous souhaitons rendre encore plus transparente l’information sur les allocations de nos ressources et comment elles sont utilisées. Rendre peut aussi revêtir une autre forme, celle de la contrepartie matérielle. Le crowdfunding a beaucoup contribué à ce développement. En échange d’un don vous recevez une carte postale, un kilo de pomme de terre ou quelqu’un vient chanter dans votre salon. Est-ce toujours un don ?

Au Téléthon, il y a la possibilité de faire deux types dons.

Il y a tout d’abord le « don avec contrepartie », celle de recevoir la peluche ou tout autre objet de notre boutique en échange d’un don d’argent. Nos donateurs peuvent aussi se rendre sur l’un des événements organisés par nos bénévoles et profiter d’un bon moment de convivialité, d’une savoureuse soupe aux pois, d’un concert de musique ou boire un verre.

Il y a aussi le « don contre rien », celui qui n’attend aucune contrepartie matérielle. Il peut se décliner sous la forme d’un don d’argent, dont l’unique attente est de savoir qu’il sera utilisé à bon escient et dans le but avancé ou alors sous la forme de temps : le temps précieux que donnent nos bénévoles pour organiser tous ces merveilleux événements qui font de notre week-end une fête incroyable dans toute la Suisse. On aime dire au Téléthon que notre plus grand trésor sont nos bénévoles.

Tous ces dons sont importants pour le Téléthon et contribuent à soutenir nos familles.

Alors, vous, ce sera quoi votre forme de don pour 2022 ?

 


Céline Bartlome Elizarov

Fondation Téléthon Action Suisse





[1] Marcel MAUSS, Essai sur le Don, 1925

[2] La Révolution du don, 2014

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